Steve Axford habite en Australie. Pour gagner sa vie, il déploie des systèmes informatiques pour de grandes entreprises. Mais pour son plaisir, il photographie les champignons.
En se promenant dans la province de Nouvelle-Galles du Sud, on peut croiser un marcheur un peu particulier, appareil photo en bandoulière, le plus souvent allongé au ras du sol. Dans le civil, Steve Axford conçoit de complexes réseaux d’ordinateurs à grande échelle. Mais, un jour, cet amoureux de la nature a découvert que « le monde est bien plus complexe que n’importe quel système informatique » et que « les règles apprises avec l’un peuvent s’appliquer à l’autre. Rien n’existe seul, plus vous regardez attentivement, plus vous voyez les connexions entre les choses. » Et, de ce point de vue, le réseau mycélien est sans doute le plus étonnant de tous.
Pas étonnant, donc, que Steve Axford s’intéresse de près aux champignons, après avoir assouvi une première passion pour les volcans. Il s’y intéresse de très près, même, pour les photographier sous leur meilleur jour, avec une précision et un sens de la lumière fascinants. « J’essaye de combiner la beauté de ce que je vois avec une forme de rigueur scientifique, explique-t-il. La plupart de mes clichés peuvent être utilisés pour identifier des spécimens. » Dans son fief des Northern Rivers (les rivières du Nord), qui fut autrefois une vaste forêt, il est sans doute l’un des premiers à avoir fixé sur pellicule (enfin, sur carte mémoire, dirait-on aujourd’hui) des champignons sub-tropicaux, comme les Mycènes chevelus ou les Leratiomyces.
Si l’intérêt scientifique est évident, les photos de Steve Axford sont surtout de véritables oeuvres d’art, des natures mortes bien vivantes rendant hommages à la beauté de la nature et des champignons en particulier. À voir et à revoir sur son site :
http://steveaxford.smugmug.com/Living-things/Fungi-the-recyclers.
Magda
Author Archives: Melody Depond
Le champignon, roi de l’édition !
Régis Marcon a reçu le prix Champagne Collet du Livre de Chef pour « Champignons », un livre pédagogique et gourmand paru en 2014.
Je vous ai déjà parlé de Régis Marcon (Restaurant Régis et Jacques Marcon, trois étoiles à Saint-Bonnet-le-Froid), à l’occasion de la sortie de son livre, « Champignons » (La Martinière), puis d’un dîner exceptionnel tout champignon à Table Ronde (un lieu secret dédié à la haute gastronomie, ndlr). Je ne résiste pas au plaisir de l’évoquer une troisième fois car il aura été le grand monsieur de l’année gastronomique 2014. Dans l’univers du champignon, mais ce n’est pas une surprise ni une nouveauté pour lui, mais aussi dans celui de l’édition, toutes catégories confondues. Son ouvrage a en effet été récompensé par le Prix Champagne Collet du Livre de Chef 2014. La révélation du prix a eu lieu le 1er décembre 2014, au siège flambant neuf de la Maison Collet, à Aÿ (51), qui sait marier les charmes du champagne avec ceux d’univers totalement différents, la mode, la bande dessinée mais aussi les Années Folles, avec une pièce presque entièrement dédiée à Joséphine Baker.
Régis Marcon avait fait le déplacement jusque dans la Marne pour recevoir son trophée des mains d’Olivier Charriaud, directeur général Champagne Collet, et de l’acteur François-Xavier Demaison, parrain de cette deuxième édition. Le chef triplement étoilé, inventeur du fameux praliné de cèpe, a ainsi eu la fierté de constater qu’il avait été honoré pour un livre très différent des autres puisque consacré à un seul produit (mais son produit à lui) et face à des chefs aussi doués et créatifs que celui de La Grenouillère (« Alexandre Gauthier, cuisinier », La Martinière) ou de Toyo (« Toyo : Cuisine parisienne – Saveurs japonaises », de Toyo Nakayama, Hachette). Il succède à Nicolas Stamm, chef de la Fourchette des Ducs, deux étoiles à Obernai, primé en 2013 pour « Un Chef en Alsace » (Editions Gründ).
Décidément, 2014 fut une belle année à champignons !
Magda
RETOUR DE FORÊT AVEC JUAN ARBELAEZ
Juan Arbelaez est arrivé à Paris à l’âge de 18 ans, en provenance de sa Colombie natale. Pour l’amour de la cuisine française. Son ascension a été aussi rapide que la naissance d’un champignon.
Né à Bogota, Juan Arbelaez a intégré à 18 ans la prestigieuse Ecole du Cordon Bleu, à Paris. Depuis, c’est un parcours sans faute. À sa sortie de l’école, il est engagé dans deux grandes brigades prestigieuses, celle du Bristol, avec Eric Fréchon, puis celle du George V, à l’époque avec Eric Briffard (Christian Le Squer vient de le remplacer, ndlr). Sa participation à Top Chef (Saison 3), sur M6, a donné un sérieux coup d’accélérateur à sa carrière, grâce à sa belle gueule de Latino mais surtout grâce à son talent et sa créativité. Sa cuisine se révèle alors lumineuse et colorée. Après avoir secondé Jean Imbert, vainqueur de Top Chef Saison 3, à l’Acajou, à Paris, il s’est lancé dans l’aventure en solo, en reprenant le restaurant Plantxa, à Boulogne-Billancourt. Son burger de la pampa, aérien et végétal, en a conquis plus d’un. Les champignons ne sont pas à la base de la cuisine colombienne mais Juan les aime tellement qu’il aime les mélanger tous ensemble, comme dans la recette qu’il m’a gentiment offerte. En route !
Retour de Forêt
Pour 4 personnes
Ingrédients
– Une dizaine de girolles
– 2 cèpes
– 10 lactaires
– 10 champignons de Paris
– 1 échalote
– 1 gousse d’ail
– 100 ml de jus de veau
– 10 châtaignes fraîches
– 2 feuilles de cigare du Nicaragua
– 1 fenouil branche
– 20 g de beurre
– Huile d’olive
– Sel, poivre
Progression
À l’aide d’un couteau d’office, nettoyer les traces de terre autour des pieds des champignons. Les brosser avec une petite brosse à dents en essayant de les mouiller le moins possible (le champignon est comme une éponge, plus il prendra l’eau, plus il sera gorgé pour la cuisson). Mettre de côté 2 champignons de Paris et ½ cèpe pour la décoration. Couper le reste des champignons en deux et les réserver au frais.
Ciseler l’échalote et l’ail avant de les faire revenir dans une poêle avec une noisette de beurre jusqu’à ce que l’échalote soit translucide.
Dans une poêle bien chaude, saisir les champignons jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés des 2 côtés puis rajouter l’échalote, l’ail et le jus de veau.
Passer les châtaignes à la mandoline afin d’obtenir de fines tranches et les frire à 160°C dans une friteuse jusqu’à obtenir une belle dorure.
Dressage
Poser les champignons saisis à la poêle dans une assiette creuse. Couper les 2 champignons de Paris et le ½ cèpe en fines lamelles et les disposer joliment dans l’assiette. Tapisser le fond d’une grosse cocotte avec le fenouil branche et les feuilles de cigare du Nicaragua. Placer l’assiette à l’intérieur de la cocotte et faire chauffer. La chaleur de la cocotte va fumer la matière sèche. Couvrir et déposer la cocotte sur la table. Ôter le couvercle de la cocotte devant les convives : ils pourront humer la fumée à l’ouverture avant de déguster.
Bon appétit !
Magda
Plantxa. 58 rue Gallieni, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 46 20 50 93. www.plantxa.com.
LES TROMPETTES DE STEPHAN PAROCHE
Stephan Paroche est un enfant des Alpes de Haute Provence, né à Digne, élevé à Volonne, et installé avec son épouse, Fanny, à côté de Sisteron. Dans son restaurant, la Magnanerie, membre de la chaîne Châteaux & Hôtels Collection, il propose une belle cuisine créative dans laquelle les champignons ont toute leur place.
Quand on lui parle de champignons, Stephan Paroche entend le bruit de la 2CV qui démarre, prête à aller cahoter dans les chemins. Une fois arrivés en montagne, son père lui laissait parfois prendre le volant, sur ses genoux ou seul, mais chut ! Le vrai but, c’était la chasse. Un panier en osier dans une main, un couteau dans l’autre. « Dès que la saison arrivait, on était sur les dents, se souvient-il. Cèpes, sanguins, pissacants, baveux, oronges, petits gris… Mon petit frère criait : « Tapis de chanterelles ! Tapis de chanterelles ! » C’était un sublime moment de partage et d’évasion, avec l’odeur de la mousse et du sous-bois que j’essaye de retrouver dans certains de mes plats. » Dans sa cuisine, Stephan aime faire contraster les cèpes avec des calamars juste saisis et un jus de viande réduit. Les oronges, il les taille en fines tranches et les sert avec des langoustines snackées et un filet d’huile de noisette. Mais ses préférés, ce sont les trompettes de la mort. « J’adore leur couleur et elles ont vraiment des parfums formidables de sous-bois, explique-t-il. Simplement sautées sur un plat de pâtes à l’épeautre, c’est merveilleux. » Pour sublimer ces trompettes, il a aussi imaginé pour nous, une recette furieusement méditerranéenne. À vos fourneaux !
Merlu et trompettes
Pour 4 personnes
Ingrédients
– 1 filet de merlu de 1 kg environ
– 200 g d’olives noires à la grecque dénoyautées
– 100 g de dattes medjoul
– 1 citron confit
– 100 g de bouillon de volaille
– 400 g de trompettes de la mort
Progression
Faire bouillir les olives afin qu’elles se dégorgent du sel. Les refroidir dans de l’eau froide puis les mixer dans un blender avec le bouillon de volaille, le citron confit, les dates dénoyautées, jusqu’à obtenir une consistance lisse et onctueuse. Ensuite, filtrer au tamis et réserver.
Enlever les arêtes du merlu et le poser dans un plat en le recouvrant de gros sel. Le laisser ainsi pendant 30 minutes avant de le rincer à l’eau claire puis, avec un pinceau, de le badigeonner de mirin (condiment japonais fait de riz fermenté à l’eau de vie). Ensuite, rouler le merlu en boudin dans du film alimentaire et le laisser au réfrigérateur pendant 12 h.
Laver les trompettes puis les sécher. Préchauffer le four entre 60 et 65 degrés. Couper le merlu en 8 tronçons égaux, comme des darnes, et les déposer dans un plat allant au four. Arroser d’un peu d’huile d’olive et enfourner pendant 15 minutes. Après avoir sorti le plat, recouvrir le merlu de papier aluminium pour terminer la cuisson hors du four pendant 15 minutes de plus. Le poisson sera ainsi encore plus moelleux.
Faire chauffer la sauce aux olives dans une casserole sans la faire bouillir.
Faire sauter les champignons dans une poêle avec un peu de beurre et d’huile d’olive. Les assaisonner de sel et de poivre.
Dressage
Déposer un fond de sauce dans l’assiette, placer deux morceaux de merlu par personne et recouvrir de champignons. Manger chaud.
Bon appétit !
Magda
La Magnanerie
Lieu Dit Les Filliéres, 04200 Aubignosc. Tél. : 04 92 62 60 11. www.la-magnanerie.net