En mars 2015 sortira un petit livre destiné aux enfants et dont le titre me plaît tout particulièrement : « Champignon enchanté ». Ce n’est pas la première fois que le champignon sert de support à l’imagination des grands et des petits.
Avec ses vertus bienfaisantes mais aussi sa venimosité potentielle, avec ses formes et ses couleurs tantôt fascinantes tantôt inquiétantes, avec sa capacité à sortir de terre en un clin d’œil, pour disparaître presque aussi vite, le champignon suscite la curiosité et a toujours nourri l’imaginaire des artistes en général. Dans ses tragédies, le dramaturge anglais William Shakespeare l’utilise pour introduire une dose de fantastique et de surnaturel. Il fait plusieurs références au rond de sorcières, ou cercle des fées, ou mycélium annulaire, cette formation naturelle créée par différents champignons, le plus fréquemment par le Tricholome de la Saint-Georges, le Marasme des Oréades et le Clitocybe géotrope. On le retrouve ainsi dans la Tempête, Songe d’une nuit d’été, les Joyeuses commères de Windsor et Macbeth (*).
Chez les auteurs russes, marqués par la culture de la cueillette du champignon, sport national et occasion d’échanges et de partage en famille, il est montré sous son plus beau jour. Dans « Anna Karénine », Léon Tolstoï décrit une scène d’apaisement entre la princesse Daria Alexandrovna Oblonskaya et ses enfants, autour d’une balade sylvestre à la recherche des précieux chapeaux. En revanche, dans les polars, le champignon est surtout l’arme du crime. Et dans la littérature fantastique, il joue un tout autre rôle. Ainsi, dans « Alice au pays des Merveilles », de Lewis Carroll, il est utilisé par l’héroïne pour retrouver sa taille normale, morceau par morceau sur le conseil d’une chenille qui fume le narguilé…
Mais c’est dans la bande dessinée qu’il marque sans doute le plus les esprits. Chacun se souvient de la couverture de « Tintin et l’Etoile Mystérieuse », de Hergé, qui représente un champignon blanc et rouge géant, prospérant sur un météorite. Le dessin à l’encre de Chine est même devenu le champignon le plus cher du monde puisque vendu récemment 2,5 millions d’euros. Personne n’a oublié non plus les Schtroumpf, de Peyo, dont les maisons sont aménagées dans des champignons. Enfin, dans les aventures de Spirou et Fantasio, de Franquin, l’un des personnages, le comte de Champignac, est même mycologue. Il se balade fréquemment dans les villages de Chanterelles-sous-bois et de Colombey-les-Deux-Girolles…
Avec ses 30 volets colorés que l’on soulève pour découvrir des secrets, et un magnifique pop-up final, « Champignon enchanté » (Gründ Jeunesse), de Benji Davies, s’inscrit dans ce droit fil. À offrir aux tout-petits.
Magda
(*) Source : Les champignons dans la littérature, de Elaine Després.